Semestre à l’étranger : Une expérience convenable à tous ?

Les départs à l’étranger à Polytech Grenoble et dans tout le réseau sont assez courants. En effet, toutes les écoles d’ingénieurs sont fortement incitées à rendre des expériences à l’étranger obligatoires dans le cadre de la scolarité. Bien que ce ne soit pas une contrainte officielle de la CTI, beaucoup d’écoles observent cette recommandation et la rende obligatoire dans le règlement des études de leurs filières. Cependant, la plupart des étudiants choisissent de partir en stage à l’étranger ou en woofing plutôt que d’effectuer des études à l’étranger. Un contraste important causé par la peur des étudiants d’être confronté à plus de difficultés en partant en semestre à l’étranger.

Axel est un étudiant en TIS 5 qui est parti à l’Université de Montréal (UDEM), au Canada, grâce au programme TASSEP. Avec lui, nous allons découvrir comment se passe un semestre d’études à l’étranger et essayer de briser le mythe d’une sur-complexité administrative lorsqu’on étudie dans un autre pays.

Premier argument ? Le programme TASSEP, qui est un programme réputé pour être difficile d’accès pour les étudiants de Polytech, Alex y est rentré malgré tout et comme il l’assure : « Il faut toujours tenter car qui ne tente rien n’a rien. » En effet, quand on est l’un des seuls à oser, beaucoup plus d’opportunités s’offrent à nous. On comprend, certes, la paresse des élèves devant le dossier à compléter pour effectuer une demande : un dossier doit d’abord être déposé au bureau des Relations Internationales, et un autre (plus complet) doit être soumis en ligne à l’UGA. Dans ce dossier, sont demandés le CV et les relevés de notes, entres autres, mais plus particulièrement le projet de motivation et une réflexion budgétaire.

Liste des documents à déposer aux RI de Polytech Grenoble

Comment as-tu établi ton projet et ta lettre de motivation ?

« Mon projet est venu au fil des années : j’ai toujours été intéressé par l’informatique et j’ai acquis des connaissances en santé depuis que je suis arrivé en TIS. Je n’étais pas sûr de ce que je voulais faire mais j’étais intéressé par les nouvelles technologies. Je souhaiterais allier la réalité virtuelle avec la santé et le domaine des jeux vidéos. Quand je me suis rendu au RI et que j’ai eu une réunion avec mes responsables de filières ils m’ont tout de suite soutenu. Et c’est à l’UDEM que mon aspiration s’est concrétisée. »

Une fois le projet défini, il suffit juste de rédiger la lettre de motivation (en s‘appuyant sur un modèle si besoin), et d’y coucher ses motivations.

Et comment établir un budget pour une situation qui nous est complètement inconnue?

Cela nécessite beaucoup d’organisation et de prévisions. J’ai eu la chance de pouvoir faire mon stage de TIS 4 (qu’on nous conseille de faire à l’étranger) en Belgique avant de me rendre au Québec. Cela m’a aidé car je n’ai pas eu à faire beaucoup de dépenses là-bas. Je pense que pour tous les types de budget, il faut réfléchir à notre motivation et à combien on est prêt à mettre dans ce projet. Il faut aussi être débrouillard et chercher des bonnes affaires, même si l’aspect qualité/prix est important. Par exemple, quand nous sommes arrivés à Montréal avec mon ami, nous avons booké un Airbnb pour avoir le temps de chercher un appartement pour le semestre. Le problème c’est que bien que le prix était accessible, on s’est retrouvé dans un Airbnb avec des punaises de lit et des cafards.

Au final, Axel et son ami ont dû choisir un appartement coûtant 600€ par personne et par mois, ce qui est bien plus cher que le prix moyen d’un appartement en colocation à Grenoble. La chose à retenir c’est qu’il ne faut pas hésiter à allouer un plus grand budget car le confort au cours d’un semestre de trois ou quatre mois n’est pas à négliger. Certains étudiants boursiers peuvent s’inquiéter de cela mais Axel l’étant lui-même soutient que : « Bien que je sois boursier à un petit échelon, les aides rendent la concrétisation de notre projet possible. En plus de la bourse du CROUS, je recevais la Bourse Régionale de Mobilité Internationale (BRMI) et l’Aide à la Mobilité Internationale (AMI). »

Quelles difficultés as-tu rencontrées au cours de toutes ces étapes administratives ?

« Au niveau du plan administratif, vu que je suis parti au Canada pour des études de moins de 6 mois, j’ai juste eu à faire une demande d’AVE, qui coûte vraiment peu cher. Un formulaire est nécessaire au Québec qu’il faut transmettre à la RAMQ ; il est obtenu auprès de la caisse primaire d’assurance maladie et permet d’être couvert au Québec en gardant son affiliation en France. La seule petite difficulté que j’ai rencontré était de respecter le délai imposé pour constituer mon dossier pour les RI et l’UGA. »

Dans la plupart des pays, le passeport français accorde l’extrême chance de ne pas avoir à demander un visa d’études ou de séjour si on reste pour une courte période (de moins de 6 mois en général). Cela permet de diminuer les démarches administratives et de faciliter le délai entre l’acceptation de l’université et le moment où on peut acheter son billet, ce qui est bien sûr un plus pour le budget. Pour le Canada, l’AVE se demande en ligne et est accordée en moins de 72h. Axel a même pu la faire depuis la Belgique pendant son stage de TIS 4.

Montréal de nuit ©Free-Photos sur le site Pixabay

Comment as-tu été accueilli à l’UDEM ?

« A l’arrivée j’ai été intégré dans un programme de parrainage comme les autres étudiants. Mon parrain m’a fait découvrir l’université et la ville. Le seul point déstabilisant était de me retrouver dans un campus immense mais j’avais planifié d’arriver avec de l’avance pour prendre mes repères. »

L’arrivée à l’université se passe comme prévu quand on a de la chance. Ce qui change souvent, néanmoins, est le programme de cours choisi lorsqu’on avait déposé le dossier aux RI. En effet, ils arrivent que certains cours soient supprimés ou qu’ils excluent les étudiants en échange d’une année sur l’autre.

Quels sont les avantages qui t’ont poussé à étudier à l’étranger ?

« Pour moi le principal avantage est de découvrir une nouvelle culture. J’ai pu sortir de chez moi et concevoir une nouvelle manière d’aborder l’enseignement et l’apprentissage des cours. D’abord, à l’UDEM on avait un choix bien plus large de matières (malgré quelques restrictions) qu’en France. Les cours ne sont pas imposés comme dans le système universitaire français où le choix est très réduit. Là-bas, il y a aussi plus de flexibilité : les étudiants peuvent tester un cours et s’il ne leur plait vraiment pas, ils peuvent le lâcher ou changer de voie. »

Le plus surprenant à l’arrivée dans un nouveau pays est la différence avec le système d’enseignement français. Cela diffère grandement selon la région géographique mais en général on tombe sur un système plus souple où la relation étudiant-professeur est moins formelle. Dans toutes les matières qu’il a eues, Axel raconte que les professeurs sont vraiment présents et ludiques, et qu’ils s’assurent qu’on comprend tout.

Il est plus facile de suivre des cours en français mais dans tous les cas, il ne faut pas hésiter à se présenter à chaque professeur au début du cours, de lui signaler qu’on est étudiant en échange (même si vous ne serez probablement pas le seul), d’autant plus si le cours n’est pas enseigné en français ou en anglais. De cette manière, le professeur s’adaptera de manière à ce que vous compreniez bien l’ensemble du cours et il essaiera sûrement de parler plus lentement.

Il faudra aussi adapter sa propre attitude. Selon Axel, les étudiants québécois sont différents des étudiants français : « Ils ne sont pas désinvoltes comme on l’est un peu en France. Comme on peut assister aux matières qu’on choisit, tout le monde est automatiquement plus intéressé. » Tout comme les professeurs québécois qui sont d’après lui des personnes motivées qui cherchent surtout à transmettre leur vision des choses et leur goût d’apprendre, et qu’il est possible de passer voir dans leur bureau. « Là-bas, les devoirs servent à noter le travail, mais aussi à comprendre et vérifier qu’on a bien compris le cours. La date de l’examen est fixée pour qu’élève réussisse. »

Si tout était à refaire que changerais-tu ou améliorerais ?

« Les Airbnb : j’essaierais de chercher un appart dès l’arrivée. Sinon pas grand-chose. »

Les professeurs de Polytech gardent-ils contact avec toi durant le semestre ?

« Les profs te tiennent au courant des événements et des choses à faire, mais avec le décalage horaire (même s’ils essaient de le prendre en compte) ça rend parfois difficile d’allier les contacts avec les deux universités. »

Comment as-tu organisé ton retour en France en ce qui concerne l’appartement, le décalage horaire, etc. ?

Pour le retour en France, j’ai eu de la chance car le semestre UDEM se finit le 23 décembre alors que celui de Polytech se finit autour de mi-janvier. J’ai eu le temps pour me remettre à l’heure française, passer fêtes avec ma famille, et trouver un appartement. Cela a été un peu difficile car les propriétaires louent rarement pour 2 mois, mais j’insiste sur la nécessité d’être un peu débrouillard pour ce type de projet. »

Après une telle expérience, il est certain que vous reviendrez tous avec une plus grande indépendance et en étant plus dégourdi.

Quels conseils donnerais-tu aux futurs étudiants qui souhaitent partir en semestre ?

« De mettre leur appart en sous-location si possible. Et sinon d’oser même si les probabilités d’être sélectionné sont faibles. »

Le fait qu’Axel ne changerait rien à l’expérience qu’il a vécu, c’est la preuve qu’une telle expérience en vaut la peine. Tout ce qu’il faut pour réussir son séjour, c’est partir avec les bonnes clés en main.

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